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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/24

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LE COLLIER DES JOURS

ven ?… Nous les nommions tous. Même le divin Shakespeare ne nous faisait pas hésiter : le nom de Wagner flamboyait plus haut, avec un éclat plus magique. C’était Apollon et c’était Orphée fondus en une seule lyre. Poète, musicien, philosophe, — que n’était-il pas, ce nouveau venu ?

— Il est cubique ! concluait Villiers.

Emmenbrücke ! crie un employé.

La dernière station est franchie : une demi-heure encore, et c’est Lucerne !

Maintenant nous déraisonnons, nous cherchons des noms nouveaux à Wagner, des titres flatteurs, comme ceux que l’histoire a conservés à quelques hommes célèbres :

— L’aigle du Righi… Le cygne de Lucerne…

Le cygne nous paraît tout à fait heureux, à cause de Lohengrin ; mais Villiers trouve le plagiat trop naïf : « Le cygne de Cambrai… Le cygne de Lucerne… » Il cherche une variante, et, après un moment, jeta triomphalement celle-ci :

— Le palmipède de Lucerne !

Un fou rire détendit un peu nos nerfs. Mais le train siffla, et notre battement de cœur reprit.