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LE COLLIER DES JOURS

projets concernant la représentation de mes œuvres à Paris. Cependant je n’en ai pas encouragé un seul. Quand M. Pasdeloup est venu me dire qu’il prenait la direction du Théâtre-Lyrique dans l’intention de donner plusieurs de mes ouvrages, je ne crus pas pouvoir refuser à cet ami zélé et capable l’autorisation de les représenter, et, comme il désirait débuter par Rienzi, je lui dis qu’en effet c’était celui de mes opéras qui m’avait toujours paru devoir s’adapter le plus aisément à une scène française. Écrit, il y a de cela trente ans, en vue du Grand Opéra, Rienzi ne présente aux chanteurs aucune des difficultés et n’offre au public parisien aucune des étrangetés des œuvres qui l’ont suivi. Tant par son sujet que par sa forme musicale, il se rattache aux opéras depuis longtemps populaires à Paris, et je crois encore que, s’il est monté avec éclat et donné avec verve, il a chance de succès. Ce succès, je le lui souhaite, de tout mon cœur, et plus encore à mon ami M. Pasdeloup, qui, de son plein gré, a vaillamment arboré et énergiquement soutenu ma cause depuis une série d’années ; mais je serais malavisé de vouloir y contribuer par ma personne : ma nature autant que ma destinée m’ont voué à la concentration et à la solitude du travail et je me sens absolument impropre à toute entreprise extérieure. Ou Rienzi fera son chemin sans moi, ou, s’il n’était pas capable de le faire ainsi, mon assistance ne saurait l’y aider et nous aurions à nous dire que les conditions lui sont défavorables.

Telle est en peu de mots ma façon de voir et la ligne de conduite que je suis décidé, ou, pour mieux dire, appelé à suivre en ce qui concerne la représentation de mes ouvrages à Paris, tous tant qu’ils sont. Et veuillez, madame, ne pas voir dans cette réserve le signe d’un