Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

— Pas du tout, pas du tout ! répondit Servais, — je ne me sens apte à rien de pareil.

— Pour le service du Maître ?

— On peut toujours essayer, dit Richter.

— À la bonne heure !… Voyons, Servais, pas moyen de nous dérober : il faut improviser, ce soir, une charade hors ligne…

— Une charade ! devant Wagner !… à nous deux seuls ?…

— Avec Richter au piano.

— Mais nous serons grotesques !… nous resterons coi, comme des idiots…

— La présence du maître nous inspirera, au contraire. D’ailleurs nous avons fait nos preuves, chez vous, à Munich, et il faut bien reconnaître que nous deux seulement, vous surtout, avons montré quelque talent en ce genre.

— C’est fou, impossible, abominable ! gémit Servais, au comble de l’épouvante. J’aime mieux me jeter dans le lac.

— Ce n’est pas un drame qu’on nous demande, mais une farce… Voyons, on sera indulgent, et nous aurons peut-être la gloire d’amuser le Maître.

Brusquement il relève la tête, en rejetant ses mêches d’or pâle derrière ses oreilles :