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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

Nous avançons lentement, émus, recueillis, comme au seuil d’un temple ! On nous a vus, sans doute, car le Maître paraît à la porte du salon et descend les marches ; un grand terre-neuve noir bondit près de lui.

D’un air à la fois cérémonieux et enjoué, Wagner nous fait entrer.

Une jeune femme, grande, mince, d’un visage noble et distingué, aux yeux bleus, au frais sourire, sous une magnifique chevelure blonde, est debout au milieu du salon, entourée de quatre fillettes, dont une toute petite.

— Madame de Bülow, qui a bien voulu venir me voir avec ses enfants, dit le maître.

Après un échange de sympathiques poignées de mains, elle nous dit les noms des enfants, qui lèvent sur nous de grands yeux ébahis : Senta, Élisabeth, Isolde et Éva. — Nous reconnûmes dans le choix de ces marraines, toutes prises parmi les héroïnes de Wagner, un enthousiasme fanatique, pareil au nôtre, qui chassa, entre cette mère charmante et nous, toute gêne.

On nous présenta ensuite les chiens : le grand terre-neuve, Rouzemouk — « Russ », dans l’intimité — et Cos, un carlin gris de fer appartenant à madame de Bülow.