Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

— Cette collection de papillons vient de l’Exposition universelle de Paris, dit le Maître, en riant. Voilà ce qu’un artiste a trouvé le plus à son goût, au milieu de l’amas des productions dues à l’effort prodigieux du travail de l’humanité…

Revenus dans le salon, notre causerie se prolonge, sans contrainte. Le Maître nous éblouit par le charme de sa parole, sa verve, sa gaîté, son esprit incomparables.

Il nous semble, néanmoins, qu’il est temps de nous retirer. Nous avons débarqué à Tribschen vers cinq heures. Maintenant le jour s’assombrit : il doit être tard, c’est l’heure du dîner, et nous avons la plus grande peur d’être indiscrets et gênants.

Mais, devant notre mouvement de retraite, on se récrie avec une si sincère cordialité, on nous retient avec une insistance si affectueuse, que nous nous rasseyons, tout heureux. Les enfants disent bonsoir à tout le monde et vont se coucher. On apporte des lampes et le temps s’écoule délicieusement…

Et pourtant, ô honte ! nos estomacs en détresse nous tiraillent et nous reprochent de les oublier par trop. Avant de quitter Bâle, ce