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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/57

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

rue où l’on débouchait donnait l’illusion d’une rue chinoise, avec ses maisons d’inégale hauteur et sa perspective de banderoles bariolées.

Mais il fallait prendre une autre route pour gagner la plaine où le tir fédéral était établi : un vacarme effroyable guidait sûrement de ce côté-là.

Des baraques foraines, dans la prairie fraîche ; une foule, souriante et grave, qui processionne ; de ci, de là, des costumes pittoresques, portés par les naturels des quelques cantons fidèles encore aux vieux usages.

Des Bernoises à l’ample jupe froncée, à demi cachée par le tablier de soie couleur gorge de pigeon, au long corsage de velours noir, retenu par des chaînes d’argent sur la gorgerette plissée, avec, dans leurs cheveux, de grandes épingles historiées. Des Fribourgeois, vêtus de culottes courtes, de vestes brunes, coiffés de larges chapeaux et s’appuyant sur des bâtons noueux. Il y avait même quelques Tyroliennes, venues de loin par curiosité et qui égayaient les yeux avec leurs robes de couleurs vives, leurs étroits tabliers tricolores, leurs chapeaux pointus en feutre noir, agrémentes de galons d’or et posés très bas sur le front.