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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

ladies les plus funestes ; il se voyait condamné, perdu. Pour le calmer un peu, le pharmacien, assez ahuri, avait dû lui baigner l’œil dans toutes sortes de collyres prétendus souverains.

Une après-midi, à Tribschen, Villiers jouait avec les enfants ; il lançait en l’air un ballon, qu’à leur grande joie, il envoyait très haut. Russ, le terre-neuve, bondissant et aboyant, tâchait d’être de la partie.

À un moment, en donnant l’élan au ballon, Villiers envoya, en arrière, un fort coup de poing dans la gueule du chien, qui exhala un reproche plaintif.

Mais le croc pointu avait légèrement égratigné la peau. Villiers, tout blême, examinait sur sa main la trace rosée… Puis, il leva sur nous des yeux hagards et, courant comme il savait courir, s’enfuit.

— Qu’est-ce qu’il a ?… où va-t-il ? s’écria Wagner, très effrayé.

Il fallait bien répondre.

— Oh ! ce n’est rien… Il a cogné très fort sa main contre les dents du pauvre Russ et s’est un peu écorché.

— Eh bien ?… ça ne saignait même pas… C’est pour cela qu’il est devenu si pâle ?