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LE COLLIER DES JOURS

le voyage en voiture… Nous irons vous prendre à l’Hôtel du Lac.

— À quelle heure ?

— Ah ! par exemple, il faut être matinal pour éviter la grande chaleur : soyez prêts à cinq heures et demie.

— Cinq heures et demie !… nous serons prêts.

Le lendemain, au petit jour, en effet, deux calèches s’arrêtèrent devant l’Hôtel du Lac. Wagner était seul dans l’une ; madame Cosima et sa fille Senta occupaient l’autre.

Vite, vite, nous descendons, encore un peu ensommeillés et prêts tout juste. Villiers, très ébouriffé, au lieu d’approcher des voitures, tâche de gagner la boutique de M. Frey, toute proche ; mais l’aimable coiffeur n’est pas éveillé et son client désappointé est forcé de se passer de frisure. Il monte avec moi dans la voiture de Wagner, qui prend la tête, et l’expédition se met en marche.

Quels chemins avons-nous parcourus ? Quels paysages se sont déroulés pendant cette radieuse et mémorable matinée ? Je serais incapable de le dire, car j’avoue que je n’ai rien vu. Quand on a regardé le soleil, on ne voit plus, pendant