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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/90

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XXI



Recueillis et silencieux, assis autour du Maître, après le souper, sur la terrasse de l’auberge, nous subissons l’impression grave et reposante de la nuit, venue très vite entre ces hautes montagnes qui nous enferment. Seuls quelques reflets dénoncent le lac, presque invisible.

Mais voici qu’une blancheur molle teinte le ciel ; les pics précisent peu à peu leurs découpures ; ils paraissent plus sombres sur le fond plus clair ; et, très lentement, le spectacle magnifique d’une aube lunaire se déroule à nos yeux.

La lueur diffuse se concentre, approche, grandit, va surgir : le prélude de Lohengrin chante en nous… Et quand, enfin, la pleine lune émerge, se hausse sur la plus haute cime, c’est pour nous le Graal, qui resplendit sur l’autel, devant le Maître du Graal !…