Aller au contenu

Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




XXV



J’étais, ce jour-là, invitée à Tribschen pour le « dîner » de 2 heures.

Par le lac, comme d’habitude, un batelier m’amena à la pointe du promontoire et, sans rencontrer personne, je montai par le jardin, jusqu’à la maison. La porte-fenêtre du salon était grande ouverte et j’entendis, dès le seuil, des accords très doux qui venaient de l’étroit sanctuaire où le Maître travaillait !… Osant à peine respirer, je m’assis sur le siège le plus proche, extrêmement émue, troublée, effrayée même : n’était-ce pas indiscret, sacrilège peut-être, de surprendre ainsi le mystère sacré ?… Pourtant quel rare bonheur ! entendre Wagner composer !… Immobile, les yeux ne cillant pas, j’écoutai avec recueillement.

Ce que j’entendais me paraissait d’une sua-