Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/122

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— À Djébélé ?

— Je vous ai vue au prix d’un crime : j’ai violé le secret de votre retraite, par fraude et escalade, tandis que vous rêviez dans un kiosque, près d’un ruisseau, mon regard a dérobé votre image divine.

— Le kiosque d’or de ta maison d’été ! dit Nahâr.

Gazileh était tout interdite et contemplait avec une sympathie croissante cette belle tête blonde, à laquelle le bandeau sanglant faisait comme une couronne ; cette tête inconnue, qui avait son genou pour oreiller.

— Après trois années, vous avez pu me reconnaître ? dit-elle.

— Pendant trois années, nuit et jour, je n’ai vu que vous… Ah ! donnez-moi l’absolution de mon forfait, et dites-moi votre nom, que je l’emporte dans l’éternité.

— Vous ne l’emporterez pas aussi loin, j’espère. Gazileh est mon nom… Ne me direz-vous pas qui vous êtes ?

— Je suis Hugues de Césarée, le plus humble des serviteurs du Christ.

— Ce nom est illustre, même parmi nous, dit Gazileh. Je suis heureuse d’avoir pu secourir un