Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/123

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aussi preux chevalier, de l’avoir sauvé, j’espère.

— Ah ! Madame, je dois mourir, puisque le ciel a exaucé un vœu dont ma vie est le prix.

— Voyez, votre sang a cessé de couler ; il fuyait à flots, et c’est cela qui vous eût fait périr. Vous vivrez, j’en réponds.

— Ah ! princesse ! s’écria tout à coup Nahâr, on dirait que les vainqueurs de tout à l’heure reviennent en désordre, comme s’ils étaient poursuivis. Ne restons pas ici : les chrétiens pourraient nous faire prisonniers.

— Hélas ! dit Gazileh, prise par les Francs, cela ne sera pas pire pour moi que d’arriver saine et sauve au château de Raschid ed-Din !

— N’allez pas là, s’écria Hugues de Césarée, en faisant un effort pour se soulever. Le Vieux de la Montagne est un traître, un maudit. Nous campions ici, en amis, sur la foi de sa parole, et, brusquement, sans même nous défier, ses sectaires se sont rués sur nous… Vous êtes en danger ?… Ah ! je veux vivre pour vous défendre… Dites, que faut-il faire ?

— Il n’y a pas de défense possible, répondit Gazileh, en baissant la tête. Raschid ed-Din n’accorde la paix à mon grand-oncle, le prince de