Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/141

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tion, et qu’il soit purifié dans les eaux saintes du baptême.

— Oui, il le faut, dit le roi, pensif : mais où le chercher ? La vie privée de ces païens est sévèrement murée, et rien n’en transpire au dehors. Enfin, tu m’aideras, et je te léguerai ce devoir sacré, si je meurs sans l’accomplir.

— Avec l’aide de Dieu nous réussirons.

Le roi mit un doigt sur ses lèvres :

— Garde le secret bien fidèlement, dit-il : si la reine savait !…

Il y avait un grand brouhaha au dehors ; tout le monde était sur pied. Le camp, éveillé, ne s’était pas rendormi ; de proche en proche, on se contait l’événement et ce danger mortel couru par le roi.

Le jour naissait, d’ailleurs. Les sommets devenaient roses, comme des fleurs, tandis que le fond des vallées bleuissait ; puis la rosée se vaporisa, et on eût dit que des mousselines traînaient partout, si légères que, la brise les déchirait. Les champs de narcisses et de giroflées embaumaient, et, dans les bouquets d’oliviers, les oiseaux, tout à la fois, commençaient leurs chants.

Le roi parut. Il s’était fait vêtir et avait dicté à