Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/158

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VIII


Comme un aigle dans son aire, qui de haut contemple le monde, Raschid ed-Din, au sommet du donjon, couché sur un lit de repos, rêveusement, laissait tomber ses regards sur le merveilleux chaos de pics, d’abîmes, de forêts et de vallées dont le tableau, noyé de soleil et de brumes d’or, se déployait au-dessous de lui.

Cette altitude de laquelle il planait était comme un symbole de sa vie. Il s’était élevé, en effet, sur les ailes de sa volonté, au-dessus des hommes, au-dessus des faiblesses mortelles, au-dessus des lois et des dogmes. Sans être roi, il était plus que les rois ; sans armée, il repoussait les armées ; il n’avait pas de sujets, mais des disciples, fanatisés