Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/187

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place forte tenue en fief par la noble famille de Mansoer, de Tortose, du château de la Veille, du mont Pèlerin, du Chastel-Blanc de Safita, d’Émèse, de Laodicée.

Les châtelains, qui gouvernaient en l’absence des seigneurs attachés à la cour du roi, beaucoup de nobles vassaux, les vicomtes des casaux situés sur les territoires voisins, profitaient de la trêve et de la présence de leurs suzerains dans l’ost royal, pour venir leur faire des rapports, leur donner des nouvelles, soumettre à leur jugement des causes difficiles. Le comte de Tripoli tenait une cour de justice à l’ombre des figuiers.

Des envoyés, ayant pour chef le sénéchal Milon de Ploncy, étaient partis, afin de porter à la commanderie du Temple les reproches et les ordres du roi. Raschid ed-Din se contentait momentanément de cette satisfaction, et il avait fait remettre son annel d’or à Amaury, comme gage de paix et de sauvegarde.

Avec la soif du plaisir, naturolle aux hommes dont la vie est sans cesse menacée, les Francs se réjouissaient, sans répit et sans mesure. Danses, festins, orgies se succédaient au son des musiques, retentissant nuit et jour, si sauvages et si