Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/203

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requéraient en mariage, ou même pour de passagères amours.

Combien discourtois et digne de moquerie le jeune homme qui se dérobait à de si douces réquisitions !… Et lui, surtout, qui vivait chaste comme un prêtre depuis qu’une passion impossible l’absorbait tout entier, saurait-il résister à de trop charmantes séductions ?

Un instant, il eut l’idée de déserter sa tente, de se réfugier auprès de son frère d’armes. Cependant il n’en fit rien, et même fut rentré un des premiers au campement.

Quand ses valets vinrent pour le dévêtir et le mettre au lit, il leur ordonna de disposer de nombreuses chandelles de cire, dans les grands chandeliers de vermeil, et de les allumer : beaucoup de lumière lui semblait une sauvegarde.

Il changea de vêtements et après avoir congédié tous les pages, il fit sa prière, plus longue et plus fervente que de coutume.

Il se relevait en terminant le signe de croix lorsque Sybille entra, voilée à la façon des Turques. Un moment éblouie par tant de clarté, elle se remit vite et le remercia d’avoir illuminé sa tente, comme une chapelle, pour la recevoir.