Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prise, et vivement entraîna l’étranger sous sa tente, en faisant signe à Guillaume de les suivre.

— Zobeïde ! C’est bien le nom que tu as dit ? s’écria le roi haletant d’émotion, dès que le rideau fut retombé. Vois, Guillaume : Notre-Dame de Tortose nous favorise d’un miracle. Ce que nous la supplions de nous faire savoir, ce vieillard, sans doute, vient nous l’apprendre.

— Vous avez combattu pour le ciel : le ciel veut effacer vos fautes, dit l’évêque.

Le roi montra Guillaume à son hôte en lui disant :

— Il est mon confesseur et sait mes faiblesses. Parle : tu peux t’expliquer devant lui. Zobeïde, dis, que sais-tu d’elle ? Depuis que son père me l’arracha si cruellement, rien, plus rien ! Le mystère, le silence de la mort.

— C’était la mort, en effet, seule capable d’emporter avec elle le déshonneur.

— Ah ! ce père implacable, ce monstre, il l’a tuée ?

— C’était mon frère, il n’est plus, dit le vieillard avec dignité. Je suis prince de Hama.

— Pardon, prince… Zobeïde est morte ?

— Elle était condamnée au glaive ; mais, à