Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/298

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tandis que le chevalier se détournait pour cacher ses larmes, vous voyez ce que mon âme éprouve.

Pour la première fois, Raschid osa la regarder.

— Ô Gazileh ! fleur exquise dont le parfum m’avait fait perdre la raison, dit-il, pardonne-moi le mal que je t’ai fait, au nom de ce que j’ai souffert.

— Ô seigneur !… Je vous pardonne et je vous aime.

Elle s’avança pour lui baiser la main ; mais il la retint et, lentement, posa ses lèvres sur le beau front levé vers lui.

— C’est dans mon château qu’auront lieu les fêtes nuptiales, dit-il d’une voix haute : il peut vous contenir tous, et je veux que les réjouissances soient assez magnifiques pour vous payer de l’ennui où je vous ai tenus ici pendant de longs jours.

Une immense acclamation éclata, bénissant le nom du Vieux de la Montagne, et celui des fiancés, qui, savourant en eux-mêmes leur immense bonheur, n’échangeaient pas même un regard.

Raschid s’était approché de Dabboûs.

— Es-tu content, mon maître ? dit-il. Vois,