Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/297

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Une oppression terrible semblait serrer la gorge du prince des Montagnes. Il dit pourtant :

— C’est que tu m’accorderas sa main… pour le plus brave de tes chevaliers, qui l’aime… et a le bonheur d’être aimé d’elle.

Amaury tenait Gazileh par le bout des doigts et la contemplait avec admiration.

— Certes, dit-il, il est heureux, celui qu’elle a élu !… Vit-on jamais pareille merveille ?… Nomme-le, ce mortel fortuné, et, si mon hôte y consent, il est mon gendre.

— C’est le comte Hugues de Césarée.

Hugues, qui avait tout écouté dans un indicible frémissement d’émotion, s’élança vers Raschid.

— Est-ce bien possible ? s’écria-t-il. Vous ai-je à ce point méconnu ?… Mais, pardon, ma présence vous fait mal… Pourtant la grandeur de votre sacrifice m’écrase ; je ne puis faire autrement que de ployer le genou devant vous.

Mais, vivement, le prince le releva :

— Encore ceci, murmura-t-il.

Et il lui ouvrit ses bras.

— Ah ! vous êtes vraiment plus qu’un homme !

— Ô prophète, vous qui savez tout, dit Gazileh,