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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/30

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tences pour échapper à la damnation ; mais c’était en vain, et il se mourait lentement à l’idée qu’Elle ne saurait même pas qu’il existait, qu’il ignorait tout d’Elle, jusqu’à son nom, et qu’il ne la reverrait jamais.

Comme malgré lui, il murmura :

— Jamais ! jamais !

Et cette certitude lui causa une telle douleur que des larmes roulèrent dans ses yeux.

— Doux Sauveur ! Qu’avez-vous ? s’écria Sybille, qui vit ces larmes. Quelles désolantes pensées navrent votre esprit ?

Hugues se mordit les lèvres pour retenir un sanglot. Il chercha une réponse évasive.

— Je songeais, dit-il, à mes compagnons d’armes, morts auprès de moi, dans ce combat dont nous parlions, et que je ne reverrai plus.

— Ils combattaient pour le Christ et sont dans le paradis, tout environnés de gloire. Vous les reverrez un jour.

— Si l’on était bien sûr de cela, il serait plus aisé de se consoler, dit le roi ; mais qui peut savoir ?…

— Sire ! sire ! s’écria Guillaume, voici une pensée impie et sacrilège.