Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/52

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tense dans ce lieu vénérable où tant de souvenirs se réunissaient en un faisceau si glorieux. On était saisi de respect, dans ce demi-jour plein de mystère, au milieu de ces puissants parfums, dont les marbres et les porphyres semblaient imbibés, dans ce silence, sonore au moindre heurt et retentissant jusqu’au faîte de la coupole, comme si le ciel faisait écho.

Sur les murailles, de merveilleuses mosaïques représentaient des fleurs, des fruits, d’inextricables arabesques, où le regard se perdait. Des colonnes, de tous styles, faites des marbres les plus divers, formaient trois cercles, trois enceintes, que fermaient les ramages ajourés des grilles d’or, autour de l’autel, placé au centre de l’édifice, sous la vertigineuse coupole.

L’autel, construit par les croisés, s’appuyait à un roc nu qui surgissait du sol. C’était la Pierre sacrée et miraculeuse, célèbre depuis tant de siècles.

Sur cette roche, Abraham avait dressé le bûcher où il voulait sacrifier son fils ; David, plus tard, y éleva un autel, et, autour d’elle, Salomon édifia son Temple ; pendant quatre siècles, sur cette pierre, l’Arche d’alliance reposa. Au temps où