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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/57

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damné et que s’accomplit le miracle de l’image du Sauveur empreinte sur le linge. Hugues ne s’arrêta là qu’un instant.

De puissantes vibrations de bronze roulaient, à présent, sur la ville : toutes les cloches sonnaient la messe matinale ; les habitants, éveillés, bruissaient, dans les échoppes qu’ils ouvraient, sortaient de tous les côtés à la fois, emplissaient la cité. Déjà on avait peine à circuler dans la rue grimpante et peu large ; des âniers, à grandes enjambées qui tendaient sur leurs mollets bruns leur chemise de toile bleue, se hâtaient vers les marchés, poussant devant eux leurs bêtes, ensevelies sous des bottes de légumes et d’herbes, si volumineuses qu’elles touchaient à la fois les deux murs de la rue. D’immenses paniers, pleins de volailles piaillantes et d’où sortaient, en s’agitant les longs cous des oies, accrochaient des mannes où luisaient de grands poissons, et d’inextricables bagarres, traversées de cris gutturaux, de coups de trique, d’imprécations et de menacés, barraient le passage pendant de longs moments. Au carrefour formé par la rue du Sépulcre et la rue Saint-Étienne, la cohue se compliquant encore d’un troupeau qui entrait