Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/75

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— Ne cachez pas ce gage : c’est à cause de lui que je suis venu.

— Voici un aveu bien étrange, s’écria Hugues, qui se leva, les sourcils froncés.

Mais, devant la tendre jeunesse de ce rival, qui rougissait en même temps de timidité et de colère, il se calma, se remit sur le divan et fit asseoir Homphroy à côté de lui.

— Expliquez-vous, messire, dit-il : je vous entendrai avec patience.

Homphroy, les yeux baissés, mordait ses lèvres, ne sachant par où commencer. Enfin, il dit d’une voix sourde, sans regarder Hugues ;

— Vous savez, comme tous le savent, que je suis, par héritage, maître d’un des plus grands fiefs du royaume, dont les revenus sont considérables et m’apportent une richesse extrême. C’est pour cela, plutôt qu’à cause de mes mérites qui sont très faibles, que je suis pourvu d’une des plus hautes charges de la cour et que le roi notre sire me traite avec grande faveur. Je le dis avec certitude, il verrait sans déplaisir une alliance de sa royale lignée, avec ma maison, et il m’aurait déjà octroyé son consentement si j’avais eu l’agrément de la princesse. Mais c’est cela que je ne