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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/79

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lisant les relations des combats passés, nous avons dû souvent reconnaître que nos aïeux s’étaient montrés, dans la victoire, comme des loups altérés de sang, tandis que les ennemis étaient pitoyables et cléments.

Hugues songeait, en écoutant parler ainsi le jeune homme, au mystère qui planait sur sa naissance, et il le regardait, admirant la pâleur fauve de son visage, ses yeux noirs et lumineux, qui le faisaient plus semblable à un Syrien qu’à un Franc. Et, justement, Homphroy rappelait cet émir de Nour-ed-Din, frère d’armes de son grand-père.

— Nul ne fut plus fidèle et plus dévoué que lui, disait-il ; il avertit plusieurs fois son frère d’armes et le sauva de grands dangers. Mon père vantait souvent ses mérites, sa science, la douceur de ses mœurs, qui contrastaient si fort avec le dérèglement et la brutalité des nôtres.

— Il est vrai que, parmi nous, la corruption est grande, dit Hugues ; mais les pécheurs qui se repentent peuvent espérer la rédemption, tandis que, malgré leurs vertus, les infidèles seront damnés.

— Ah ! je ne puis le croire ! s’écria Homphroy.