Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/88

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Dans le voisinage du Temple, une seconde foule bruissait au-dessus de la première : toutes les maisons bordant la rue qui aboutissait aux Portes-Précieuses avaient leurs terrasses couvertes de monde, de femmes surtout, et la plupart voilées à la mode syrienne.

Des rires cristallins, et des pépiements pareils à ceux des oiseaux, s’envolaient de deux belles maisons neuves, se faisant face, au portail orné de stalactites. On voyait, dans chaque ogive de leurs fenêtres, des grappes d’enfants, dont les yeux et les dents brillaient, se poussant, se taquinant, se faisant mille malices. C’était l’école des garçons et l’école des filles, où les écoliers avaient une heure de congé pour regarder défiler les chevaliers. Tous les passants levaient la tête et souriaient à cette joie.

Les turcopoles et les sergents d’armes refoulaient les curieux et faisaient la place libre à l’entrée d’un petit pont qui franchissait un ruisseau à sec. Les chevaliers s’arrêtaient là, un moment ; ils apaisaient leur monture, échangeaient entre eux des saluts, attendant que l’écuyer qui portait leur bannière, séparé d’eux par la foule, les eût rejoints ; puis ils prenaient la