préparation anatomique anciennement oubliée dans l’armoire par un chirurgien négligent. Les bras n’étaient plus que des bâtons sur lesquels flottait une peau parcheminée, plissée aux articulations de rides transversales pareilles à des coups de hachoir. De longs bouquets de poils hérissaient le menton ; une mousse chenue obstruait les oreilles ; les sourcils, comme des plantes pariétaires à l’entrée d’une grotte, pendaient devant la caverne des orbites où sommeillait l’œil à demi voilé par la flasque pellicule de la paupière. Quant à la bouche, les gencives l’avaient avalée, et sa place n’était reconnaissable que par une étoile de rides concentriques.
À la vue de cet épouvantail séculaire, le Pédant, qui marchait à pied, se récria :
« Oh ! l’horrifique, désastreuse et damnable vieille ! À côté d’elle les Parques sont des poupines ; elle est si confite en vétusté, si obsolète et moisie, qu’aucune fontaine de Jouvence ne la pourrait rajeunir. C’est la propre mère de l’Éternité ; et quand elle naquit, si jamais elle vint au monde, car sa nativité a dû précéder la création, le Temps avait déjà la barbe blanche. Pourquoi maître Alcofribas Nasier ne l’a-t-il pas vue avant de pourtraire sa sibylle de Panzoust ou sa vieille émouchetée par le lion avec une queue de renard ? Il eût su alors ce qu’une ruine humaine peut contenir de rides, lézardes, sillons, fossés, contrescarpes, et il en eût fait une magistrale description. Cette sorcière a été sans doute belle en son avril, car ce sont les plus jolies filles qui font les plus horribles vieilles. Avis à