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LE CAPITAINE FRACASSE.

saurai bien la réduire. Je serai si galant, si passionné, si persuasif, qu’elle s’étonnera bientôt elle-même de m’avoir si longtemps tenu rigueur. Je la verrai se troubler, muer de couleur, baisser ses longues paupières à mon aspect, et, quand je la tiendrai entre mes bras, pencher sa tête sur mon épaule pour y cacher sa pudeur et sa confusion. Dans un baiser, elle me dira qu’elle m’a toujours aimé, et que ses fuites n’étaient que pour m’enflammer mieux, ou bien encore appréhensions et timidités de mortelle poursuivie par un dieu, ou autres telles charmantes mignardises que les femmes savent trouver en ces rencontres, même les plus chastes. Mais quand j’aurai son âme et son corps, ah ! c’est alors que je me vengerai de ses anciennes rebuffades. »