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LE CAPITAINE FRACASSE.

naguère effacée, maintenant parfaitement lisible, en lettres d’or : Alta petunt.

Sigognac garda quelques minutes le silence, contemplant ce spectacle merveilleux, puis il se tourna vers Isabelle et lui dit : « C’est à vous, gracieuse fée, que je dois cette transformation de mon manoir. Il vous a suffi de le toucher de votre baguette pour lui rendre la splendeur, la beauté et la jeunesse. Je vous sais un gré infini de cette surprise ; elle est charmante et délicieuse comme tout ce qui vient de vous. Sans que j’ai rien dit, vous avez deviné le vœu secret de mon âme.

— Remerciez aussi, répondit Isabelle, un certain enchanteur qui m’a beaucoup aidée en tout ceci ; » et elle montrait Vallombreuse assis dans un coin du carrosse.

Le Baron serra la main du jeune duc.

Pendant cette conversation, le carrosse était parvenu sur une place régulière ménagée devant le château dont les cheminées de briques vermeilles envoyaient au ciel de larges tourbillons de fumée blanche, prouvant qu’on attendait des hôtes d’importance.

Pierre, en belle livrée neuve, était debout sur le seuil de la porte, dont il poussa les battants à l’approche de la voiture, qui déposa le baron, la baronne et le duc au bas de l’escalier. Huit ou dix laquais, rangés en haie sur les marches, saluèrent profondément ces nouveaux maîtres qu’ils ne connaissaient pas encore.

Des peintres habiles avaient redonné aux fresques