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LE PONT-NEUF.
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veilleuse qui permet au roi d’être tour à tour quand bon lui semble, dans sa bonne ville ou dans la campagne, déployait ses beautés nonpareilles, fines sculptures, corniches historiées, bossages vermiculés, colonnes et pilastres à égaler les constructions des plus habiles architectes grecs ou romains.

À partir de l’angle où s’ouvre le balcon de Charles IX le bâtiment faisait une retraite, laissant place à des jardins et à des constructions parasites, champignons poussés au pied de l’ancien édifice. Sur le quai, des ponceaux arrondissaient leurs arcades, et un peu plus en aval que la tour de Nesle s’élevait une tour, reste du vieux Louvre de Charles V, flanquant la porte bâtie entre le fleuve et le palais. Ces deux vieilles tours, couplées à la mode gothique, se faisant face diagonalement, ne contribuaient pas peu à l’agrément de la perspective. Elles rappelaient le temps de la féodalité, et tenaient leur place parmi les architectures neuves et de bon goût, comme une chaire à l’antique ou quelque vieux dressoir en chêne curieusement ouvré au milieu de meubles modernes plaqués d’argent et de dorures. Ces reliques des siècles disparus donnent aux cités une physionomie respectable, et l’on devrait bien se garder de les faire disparaître.

Au bout du jardin des Tuileries, où finit la ville, on distinguait la porte de la Conférence, et le long du fleuve, au delà du jardin, les arbres du Cours-la-Reine, promenade favorite des courtisans et personnes de qualité qui vont là faire montre de leurs carrosses.

Les deux rives, dont nous venons de tirer un crayon