Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
les cruautés de l’amour

— Dieu Fo ! fit la grand’mère, quelqu’un de puissant ! comment peut-il te connaître ?

— Je ne sais, dit la jeune fille, c’est sans doute une plaisanterie, et le coffre est rempli de pierres.

— Voyons ! dit la vieille en ôtant le couvercle. »

Les deux femmes poussèrent en même temps un cri de stupeur : un merveilleux collier de perles de Tartarie était roulé en plusieurs cercles au fond de la boîte, comme un serpent au repos ; les perles étaient grosses comme des pois, toutes semblables et d’une pureté sans pareille. Certainement, il eût été impossible de trouver un collier comparable à celui-là dans tout l’empire. Le coffret contenait encore des épingles de tête garnies de rubis et une parure complète : bracelets, agrafes, étuis pour préserver les ongles, en jade vert travaillé à jour avec une perfection exquise.

— Que tout cela est beau ! s’écriait la vieille femme en frappant ses mains l’une contre l’autre. Depuis que j’existe je n’ai jamais rien vu d’aussi magnifique !

— D’où cela peut-il venir ? se disait Lon-Foo, vaguement effrayée ; ce n’est certainement pas Li-Tso-Pé qui m’envoie ce collier qu’une reine seule pourrait porter.

La journée se passa en conjectures, Lon-Foo finit par s’imaginer que des voleurs poursuivis