elle vit des hommes ivres attablés avec des femmes méprisables. La jeune fille fit un bond en arrière, et s’enfuit plus vite. Tout à coup au tournant d’une rue elle vit briller les lanternes d’une ronde de police.
— Hélas ! s’écria-t-elle, prise par ces soldats, que deviendrai-je et comment expliquer ma présence dehors après la deuxième veille sonnée ?
Elle s’était adossée à une maisonnette obscure et crut entendre à l’intérieur une voix nasillarde qui semblait compter de l’argent, Lon-Foo heurta résolument à la porte, préférant tomber parmi une bande de voleurs qu’entre les mains des hommes de la police qui l’eussent ramenée chez elle.
On ouvrit : la jeune fille entra précipitamment et referma la porte.
— Que viens-tu faire ? s’écria une vieille femme assise sur un monceau de loques et de débris informes ; les femmes de mauvaise vie n’entrent pas chez nous. Je te disais bien de ne pas ouvrir, continua-t-elle en s’adressant à un homme âgé dont la figure hâlée et ratatinée ressemblait à une vieille pomme cuite et qui regardait Lon-Foo d’un air ahuri.
— J’ouvre quand on heurte, dit-il.
— Rassurez-vous, dit Lon-Foo, je suis de bonne famille ; j’ai quitté la maison paternelle pour fuir les