Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
les cruautés de l’amour

agrémentées de découpures ; le parquet soigneusement gratté et savonné, avait l’air d’avoir été posé la veille, tant il était blanc ; entre deux fenêtres, sans rideaux, s’étendait un grand canapé de cuir vert ; une table, quelques escabeaux complétaient l’ameublement ; sur la muraille, un tableau représentant la Vierge et l’enfant Jésus, peint dans le style byzantin, jetait un éclat fauve. La robe et le voile de la Vierge étaient en or, découpés seulement à la place du visage et des mains qui laissaient voir leur carnation brune. Devant la sainte image une petite lampe pendait du plafond, elle n’était pas allumée, d’ailleurs il était visible qu’on n’habitait pas d’ordinaire cette pièce, une sorte de rectitude et de sécheresse trahissait l’isolement dans lequel on la laissait. C’était un parloir plutôt qu’un salon. Catherine qui précédait ses hôtes, une lampe à la main, ne fit que la traverser, elle pénétra dans une salle beaucoup plus riante, en même temps cuisine et lieu de réunion. La lampe éclaira d’abord une crédence qui occupait une encoignure et luisait toute chargée de vaisselle peinte, de vases en cuivre jaune et de quelques objets d’argent niellé ; puis elle fit voir la large face blanche d’une horloge à gaîne en chêne sculpté et quelques armes accrochées au mur.

Clélia s’assit sur un banc scellé dans la muraille