Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
les cruautés de l’amour

et qui occupait deux côtés de la salle sans s’interrompre, comme un divan, et elle s’accouda à la grande table qui s’étendait devant ce banc.

— Ah ! mon pauvre Pavel ! dit-elle, tandis que Ivan jetait des bûches dans le feu et que Catherine la regardait avec une naïve admiration, il me semble à présent avoir fait une folie en venant ici.

— Est-ce que l’endroit vous déplaît, barynia[1] ?

— Non. Mais pourrai-je vivre ici et ne vais-je pas gêner horriblement ces braves gens ?

— Ah ! par exemple, s’écria Pavel, en voilà une idée ! je ne crains qu’une chose, c’est qu’ils perdent la tête quand ils sauront que vous voulez leur faire l’honneur d’habiter avec eux.

Catherine écoutait bouche béante sans comprendre. Elle s’était hâtivement accoutrée d’une jupe de laine rouge et d’une vieille touloupe de son mari. Quelques mèches de cheveux roux, s’échappaient de dessous son petit bonnet d’indienne ouaté et piqué. Elle avait une bonne et honnête figure de paysanne.

— Il faut nous expliquer, à la fin, Pavel, dit Clélia.

  1. Maîtresse.