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Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/279

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les cruautés de l’amour

moins, que l’on rencontre l’idéal secrètement désiré ? la minute qui décidera de ma vie vient-elle de sonner ? est-ce là la femme que j’aimerai ?

Après un instant d’hésitation, il rebroussa chemin.

— Décidément, je ne vais pas à Enghien, se dit-il.

Et il se mit à marcher derrière la jeune fille dont il examina le costume.

Elle portait une robe de mousseline mauve, parsemée de marguerites, et un petit chapeau rond garni de marguerites ; les longs bouts d’un fichu croisé sur la poitrine se nouaient négligemment derrière la taille, et la guirlande du chapeau tombait sur une épaule.

— Est-ce une jeune fille vraiment ou une jeune femme ? se disait Maurice. Elle m’a paru presque une enfant, mais la bonne et le grand panier m’effraient, ils dénoncent une ménagère.

Il fut bientôt tiré d’inquiétude.

À une question qui lui fut faite, la bonne répondit :

— Oui, mademoiselle Juliette.

— Le joli nom ! pensa-t-il.

Arrivée sur la place du marché, à Montmorency, Mlle Juliette alla d’étalage en étalage, commençant