resta seule en face d’André qui ne la voyait pas.
Elle posa la main sur le bras du jeune homme.
— Pardon, dit-il en relevant vivement la tête, je suis impoli… La tempête brutale m’a soufflé au visage pendant de longues heures, la chaleur de la chambre m’engourdissait.
— André, dit Clélia doucement, qu’est-ce que tu as ? dis-le-moi.
— Je crois que j’ai la fièvre, dit-il en essayant de dégager son bras.
— Tu feins de ne pas me comprendre, mais je vois bien que depuis quelques jours il se passe en toi quelque chose d’extraordinaire. Ouvre-moi ton cœur, je t’en prie.
— Vous ouvrir mon cœur, que demandez-vous là ! s’écria le jeune homme d’une voix qui effraya Clélia. Vous voulez que je déchaîne la bête fauve que j’enferme en moi et qui me ronge ; vous voulez l’entendre hurler, la voir se débattre devant vous. N’en avez-vous pas peur ? Oui ! c’est vous qui l’avez fait naître et grandir ; vous croyiez que c’était un agneau ; c’est un lion sauvage ; ne jouez pas avec lui.
— Tu es vraiment très-bien ainsi : l’éclat de tes yeux est incomparable, dit Clélia, qui, la tête ap-