blancs, avec de toutes petites ailes bien roses : ou bien, avez-vous vu au Musée la délicieuse aquarelle de Decamps représentant des baigneuses ? Si vous avez vu l’un ou l’autre, ou tous les deux, vous pouvez vous former une idée de ce que sont les charmantes stances de Théophile : ce sont de grands arbres, vieux chênes séculaires dont le front s’arrondit en panache d’un vert foncé, se détachent sur un ciel d’outremer, pommelé çà et là de nuages blonds et floconneux. Ce sont des terrasses de brique avec des angles de pierres, de grandes fleurs épanouies dans des vases de marbre, des rampes à pente douce et à balustres ventrus. C’est un parc Louis XIII dans toute sa magnificence. On voit à travers les arbres et derrière les charmilles courir des daims privés et blancs comme la neige ; des perdrix, des faisans de la Chine se promènent familièrement dans les allées avec toute leur couvée ; des ruisseaux coulent en babillant sous des arcades de feuillage, et se vont rendre à l’étang et aux viviers, où nagent indolemment, dans une eau diamantée, quelques cygnes, le col replié, les ailes ouvertes. Pour personnage, sur le devant, une belle jeune femme, assise sur l’herbe haute et drue de la rive, pêche à la ligne les beaux poissons bleus et rouges des réservoirs. Dans le fond des vallées, de petits amours rebondis, blancs et potelés qui se jouent ensemble, et puis un groupe de ces belles nymphes allégoriques comme on les peignait de ce temps, un peu cousines de celles de Rubens, plus femmes que déesses, avec des mamelles saillantes, les hanches larges et ondoyantes, les bras gras et ronds, les mains et les joues toutes pleines de fossettes, la chevelure blonde
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