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Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/311

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qu’on espérait du théâtre ; l’autre s’est encore un peu sentie du malheur dû à de mauvaises constellations, et quelque divertissante qu’elle fût et quelque beau qu’en fût le sujet, elle n’a été que médiocrement louée ; mais l’Amour tyrannique qui la suivit compensa pleinement cette petite disgrâce, car toute la cour, ensuite toute la France, dirent des choses de cet ouvrage, que lui, Georges de Scudéry, modeste et pudibond écrivain qu’il est, n’ose pas reproduire, tant elles lui sont favorables et glorieuses. — « Pour le grand Arminius, c’est mon chef-d’œuvre que je vous offre en cette pièce et l’ouvrage le plus achevé qui soit jamais sorti de ma plume : car, soit pour la fable, pour les mœurs, pour les sentiments ou pour la versification, il est certain que je n’ai jamais rien fait de plus grand et de plus beau, ni de plus juste ; et si mes labeurs avaient pu mériter une couronne, je ne l’attendrais que de ce dernier. C’est donc par ce poème que j’achève ceux de cette espèce, et désormais vous n’en verrez plus de moi, si les puissances souveraines ne m’y obligent. Il est temps que je me repose, et que du bout de la carrière, dont j’ai parlé au commencement de ce discours, je regarde ceux qui la passeront ensuite, que je batte des mains pour les exciter à la gloire, et que je leur montre le prix qui les attend. »

En tête du Trompeur puni on voit le portrait du grand homme, avec cette inscription un peu outrecuidante :


Et poète et guerrier,
Il aura du laurier.


Ce qui fit dire à quelques-uns qui ne goûtaient pas la chose :