Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/348

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tous rimés. La seconde est en vers. — Messieurs, dit le Prologue. — Mesdames, dit l’Argument. — Cet ancien philosophe grec avait raison… — Taraminte, berger de Forez… — Qui disait que les hommes… — N’ayant qu’un fils nommé Florintor… — Quel est cet épouvantail de chenevière qui me vient ici interrompre ? — Et quel est ce revêtu de la friperie qui me le demande de si mauvaise grâce ? — Je suis le Prologue. — Je suis l’Argument.

L’Argument et le Prologue se disputent et se prouvent réciproquement leur inutilité. Le Prologue envoie l’Argument se cacher dans la foule, et lui dit qu’il n’est bon qu’à se barbouiller d’encre d’imprimerie et à s’habiller de papier ou de parchemin. L’Argument l’appelle selle à tous chevaux, écho, perroquet, et ils se retirent sans rien conclure, comme ils étaient venus. — Adieu, monsieur l’Argument ; — Adieu, monsieur le Prologue.

Le théâtre change de face et paraît bocager. Nous sommes dans le Forez, en plein Honoré d’Urfé, sur les bords doucereux du Lignon, cette galante rivière qui roule des flots de petit lait ; c’est un charmant pays que celui-là, et que je regrette fort pour ma part. Les arbres y ont des feuillages en chenilles de soie vert-pomme ; les herbes y sont en émail, et les fleurs en porcelaine de la Chine ; du milieu des buissons bien peignés, de grandes roses, grosses comme des choux, vous sourient amicalement de leurs lèvres purpurines, et vous laissent lire leurs innocentes pensées au fond de leur cœur écarlate. Des nuages en ouate bien cardée flottent moelleusement sur le taffetas bleu du ciel ; de petits ruisseaux faits des