Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/63

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brillants, il n’est pas non plus trop mal partagé. Son livre a une figure assez honnête et prévenante ; c’est un petit in-18 habillé en rouge, avec quelques restes de dorure sur le dos ; le papier n’est point trop jaune ni trop piqué des vers. — Le caractère est italique, et s’il ne vaut pas celui d’Alde Manuce, néanmoins il se laisse lire assez facilement. — Les gravures, peu remarquables sous le rapport de l’exécution, sans pourtant être mauvaises, sont on ne peut plus singulières comme conception et composition. Il y a des lettres ornées, des culs-de-lampe, des coins et des fleurons. — Somme toute, c’est un livre dont l’exécution matérielle est assez fashionable et coquette pour le temps auquel il a été fait. — Sans doute il y a loin de là aux magnificences de reliure et de vignettes des Annuaires anglais ; mais, tel qu’il est, ce petit volume devait tenir assez bien son rang dans les oratoires des belles jeunes dames du xvie siècle.

À la première page s’élève pompeusement un frontispice d’architecture entendue dans le goût de la renaissance. — C’est un portique orné de trois figures ou statues. La première, belle fille avec de grandes ailes, un diadème à pointe sur la tête, pareil à la couronne de fer du roi des Lombards, une palme dans la main gauche, un sceptre dans la droite, les pieds croisés symétriquement, est assise sur le haut du fronton, où elle trône d’un air impassible et majestueux. — Les deux autres son parallèles et forment des espèces de cariatides. — L’une, vêtue d’une tunique fendue sur la cuisse, lève les deux bras en l’air et semble regarder quelque chose visible seulement pour elle ; une ancre est à ses côtés ; sur le piédestal on