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QUELLO CORE SOLO MI DA LA MORTE.

On dirait le tour de bâton du caporal Trimm, qui sert si élégamment d’épigraphe à la Peau de chagrin de M. Honoré de Balzac.

D’une espèce de soleil dont le disque est rempli par quelques mots hébreux que je ne vous expliquerai pas, attendu que je ne suis pas polyglotte comme Virbluneau, il pleut abondamment des têtes de mort, — ceci est tout à fait romantique, — et des flèches barbelées, — ceci est un peu plus rococo. À quelque distance du soleil est un pauvre petit cœur qui se grille et se consume, — c’est le cœur de l’infortuné Scalion. Plaignez-le, amoureux et amoureuses, car Angélique ne fut pas plus touchée de cette preuve d’amour que des autres : aussi Scalion perdit-il tout à fait patience et prit-il bravement le parti de ressusciter ; il planta là sa cruelle, et fit bien. Voici comme il s’en explique dans sa dédicace à très-sage et très-vertueuse dame madame de Boufflers :

« Quelques années du depuis considérant ma poursuite être infructueuse, je me suis desgagé de la première pour m’esclaver soubz l’obéissance d’une autre si favorable à la pudique recherche que j’ay fait de ses bonnes grâces, que de nos mutuelles amitiez s’en est suivi l’inséparable union de deux cœurs atteints de mesme flamme, et par conséquent l’aschevement de ce petit œuvre que j’ay tenu longtemps songneusement cachée… »

Cet amour malheureux dura cinq ans entiers. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on trouverait des amants assez