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Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/86

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communément. Un passage de son apologie écrite par lui-même en fait foi, et le père Garasse, son ennemi juré, joue sur ce nom avec son aménité ordinaire, et, par une équivoque digne d’un savant et d’un théologien du xvie siècle, il l’appelle Veau.

Théophile de Viau naquit, en 1590, à Boussère-Sainte-Radegonde, petit village de l’Agenois, sur la rive gauche du Lot, un peu au-dessus d’Aiguillon, et à une demi-lieue du port Sainte-Marie, ainsi qu’on peut le voir par plusieurs passages de ses œuvres et par une pièce louangeuse, probablement composée par Scudéry, qu’on a imprimée en tête du volume. C’est par erreur que des biographes et des annotateurs le font naître à Clérac.

On a prétendu qu’il était fils d’un cabaretier. — Telle était l’animosité endiablée que l’on avait contre lui, car sa famille était connue, et rien au monde n’était plus facile à démontrer que l’absurdité d’une pareille assertion ; mais le père Garasse n’y regardait pas de si près. — Son aïeul avait été secrétaire de la reine de Navarre. Henri IV avait nommé son oncle gouverneur de Tournon, en récompense de ses bons et loyaux services. Son père, après avoir exercé la profession d’avocat à Bordeaux, s’était retiré à Boussère, à cause des guerres civiles, et de peur d’être inquiété en sa qualité de huguenot.


Là se voit un petit chasteau
Joignant le pied d’un grand costeau.


Une tourelle bâtie par les ancêtres du poëte fait apercevoir le manoir d’assez loin et dépasse de toute la tête les maisons plus humbles et plus bourgeoises groupées