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LES PRINCESSES D’AMOUR

blées et, bien que l’on gardât une réserve de bonne compagnie, l’on sentait monter de plus en plus l’animation et la gaieté.

La Cigogne-Danseuse faisait de grands efforts pour se tenir droite et rester digne ; Yamato s’était imaginé de lui faire boire de nombreuses tasses de saké ou de Champagne, et il s’amusait extrêmement des mines singulières qui crispaient le visage de la vieille courtisane, tout blanc de fard, de ses airs effarés, dans l’angoisse d’être incorrecte, et du clignotement continuel de ses yeux, lourds d’ivresse. Mais tout au fond de lui-même, malgré les rires dont il s’étourdissait, le jeune étudiant sentait poindre une sourde inquiétude : n’avait-on pas trop bien réussi ? Le prince