tueux qu’il prodiguait aux victimes après la catastrophe ou la ruine !
Une douzaine de jeunes gens beaux, nobles et riches avaient déjà sombré autour de lui. Cependant les conseils qu’il leur donnait étaient excellents : mais pourquoi jouer quand on ne connaît pas les cartes, spéculer quand on n’y entend rien, faire le gentleman-rider sans savoir l’équitation, et le raffiné en n’ayant jamais touché une épée ou un pistolet ? — Il fallait, selon Rudolph, qui avait raison en cela, pour être ce qu’on appelle un lion, des dons naturels cultivés avec soin ; un grand viveur étant aussi rare qu’un grand poète.
Rudolph, en traversant le salon pour sortir, rencontra le monsieur météorologique, qui attendait, selon son habitude, qu’Amine voulût bien le recevoir ; il avait l’air plus rêveur qu’à l’ordinaire.
— Qu’avez-vous donc, mon cher ? lui dit Rudolph en lui prenant le bras et en l’emmenant pour en délivrer Amine, je vous trouve le nez mélancolique aujourd’hui.
— Vous ne savez donc pas que le grand Arago a prédit un été froid et un hiver chaud ! — Décidément, comme le disent les fouriéristes, les climatures sont détraquées…
Amine sonna et se fit habiller pour aller rendre à Florence sa visite, ainsi qu’elle le devait, car dans la bohême la parodie des usages du monde se fait avec beaucoup d’exactitude et de rigueur.
Florence habitait, rue Saint-Lazare, un vaste appartement d’un luxe sévère et d’un goût qui sentait sa grande dame. Point de futilités ruineuses, point d’étagères surchargées de petits dunkerques encombrants ; d’épais tapis de riches tentures, des bronzes antiques ou florentins, — voilà tout.
Quand Amine entra, Florence repoussa vivement le tiroir d’un cabinet de laque qui renfermait quel-