Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/175

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route et sa robe ne tenant plus sur les épaules, formait un groupe dans le goût moderne, d’un galbe infiniment érotique et d’une tournure on ne peut plus artiste.

(Voir en général la vignette des Intimes, et en particulier celle de tous les romans possibles ; voir aussi toutes les fins d’actes où les femmes ont les cheveux pendants, ce qui veut dire ce qu’on ne saurait exécuter honnêtement sur la scène, de même qu’une redingote ouverte et un mouchoir de baptiste à la main signifient, en langue théâtrale, demoiselle enceinte.)

rodolphe. — Oh ! mon ange ! tu es d’un calme désespérant ; lorsque tout mon sang bouillonne dans mes veines comme une lave, tu restes là, muette, inanimée, et tu as plutôt l’air de subir mes caresses que de les recevoir !

madame de m***. — Que veux-tu que je dise et que je fasse ? Je te dis que je t’aime, et je me livre à toi.

rodolphe. — Je voudrais te voir pâle, les yeux bleus, les lèvres blanches, serrant les dents, comme une femme qui ne se connaît plus.

madame de m***. — C’est-à-dire que vous ne me trouvez pas bien comme je suis ; en vérité, c’est un peu tôt.

rodolphe. — Méchante, tu sais bien que je te trouve adorable ; mais il faudrait te tordre, te crisper, râler, m’égratigner, et avoir de petits mouvements convulsifs, ainsi qu’il convient à une femme passionnée.