Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/183

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le mari. — Hé ! hâ ! hihi ! vous en voulez furieusement à ces messieurs, vous avez une vieille dent contre eux ; mais vous deviendrez sage en prenant des années. Il n’y a rien qui mette du plomb dans la tête comme huit ou dix ans de plus, et vous finirez par être de l’Institut, comme un autre.

rodolphe. — Ainsi soit-il !

le mari. — Cela rapporte dix-huit cents francs. Dix-huit cents francs sont toujours bons à prendre.

rodolphe. — Ceci est vrai comme de l’algèbre.

le mari. — Et les jetons de séance, qui sont très-commodes pour jouer aux cartes. J’ai un de mes amis académicien qui en a plein un grand sac. À propos de cartes, si nous jouions une partie d’écarté ? Que vous en semble, Rodolphe ?

rodolphe, la figure aussi longue que le mémoire de son tailleur. — Mais je suis à votre disposition pour cela comme pour autre chose.

madame de m***, ayant pitié de Rodolphe, et n’étant pas fâchée de contrarier son mari en rendant service à son amant. — Fi donc messieurs, vous êtes insupportables avec vos cartes. Ne sauriez-vous rester une minute sans jouer ? Vous allez donc me laisser là à ne rien dire !

le mari, du ton le plus obséquieux. — Ma toute bonne, je te ferai observer que tu deviens d’un égoïsme vraiment insociable ; tu nous regarderas, et tu nous conseilleras. Tu vois bien que monsieur se meurt d’envie de faire une partie avec moi. N’est-ce pas, monsieur Rodolphe ?