Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/185

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die de M. Casimir Bonjour. Le style est de la platitude la plus exemplaire, et cet interminable dialogue n’est autre chose qu’un tissu de lieux les plus communs qu’il soit. Il n’y a pas un seul trait spirituel, et, levant la paille, l’auteur qui a écrit cela n’est qu’un petit grimaud à qui il faudrait donner du pied au cul, et dont on devrait jeter le livre au feu.

Mais, à bien considérer les choses comme elles sont, on verra que la faute n’en est peut-être pas entièrement à l’auteur, et que, voulant retracer avec fidélité une situation banale, il a été forcé d’être banal ; car je vous prie de croire, ami lecteur, qu’il hait le commun autant que vous, pour le moins, et qu’il n’y tombe qu’à son corps défendant ; il a été trompé comme vous, il ne s’imaginait pas avoir à écrire une histoire aussi ordinaire, en entreprenant celle d’un jeune homme aussi excentrique que notre ami Rodolphe.

Il croyait que les situations énergiques et passionnées allaient abonder sous sa plume, et qu’un individu muni de barbe, de moustaches, de cheveux à la Raphaël, de plusieurs dagues, d’un cœur d’homme et d’une peau olivâtre, devait avoir de tout autres allures qu’un épicier gros, gras, rasé de frais, et guillotiné quotidiennement par son col de chemise.

Ô Rodolphe ! ô Rodolphe !! ô Rodolphe !!! tu te vautres dans la prose comme un porc dans un bourbier.