Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/239

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set de périphrases et des panaches de métaphores.

D’alinéa en alinéa, je veux désormais tirer des feux d’artifice de style ; il y aura des pluies lumineuses en substantifs, des chandelles romaines en adverbes, et des feux chinois en pronoms personnels. Ce sera quelque chose de miroitant, de chatoyant, de phosphorescent, de papillotant, à ne pouvoir être lu que les yeux fermés.

Cette description, outre qu’elle est magnifique et digne d’être insérée dans les cours de littérature, l’emporte sur les descriptions ordinaires par le mérite excessivement rare qu’elle a d’être parfaitement à sa place, et d’être d’une utilité incontestable à l’ouvrage dont elle fait partie.

En effet, ayant entrepris d’écrire la physiologie du bipède nommé Jeune-France, j’ai cru qu’après avoir constaté le nombre de ses ongles et la longueur de son poil, la couleur de son cuir, ses habitudes et ses appétits, il ne serait pas d’un médiocre intérêt de vous faire savoir où il vit et où il perche, et j’ai pensé que la description de cette chambre aurait autant d’importance aux yeux des naturalistes que celle du nid de la mésange des roseaux ou du petit perroquet vert d’Amérique.

Les sept ou huit personnages réunis dans cette chambre singulière n’étaient guère moins singuliers : les figures étaient en tout dignes du fond.

Leur costume n’était pas le costume français, et l’on eût été fort embarrassé de désigner précisément à quelle époque et à quelle nation il apparte-