Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/241

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lant de la façon la plus paternelle du monde. Bref, toute l’assemblée avait l’air de jouir médiocrement et de se souhaiter dans un autre endroit. Je crois, tant ils étaient désespérés et embarrassés d’eux-mêmes, qu’ils n’eussent pas refusé des billets d’Opéra-Comique ou de Vaudeville.

albert. — Par les cornes de mon père ! on s’ennuie ici comme en pleine Académie.

rodolphe. — On se croirait au Théâtre-Français.

théodore. — Que faire pour couper le cou au temps ? Si nous faisions des armes ?

albert. — Le fleuret est cassé.

théodore. — Si nous jouions aux dés ?

albert. — Les dés de Philadelphe sont pipés.

théodore. — Si nous lisions un conte de M. de Bouilly, ce serait quelque chose de colossalement bouffon.

albert. — Autant nous faire avaler de la panade sans sel.

théodore. — Si chacun racontait ses bonnes fortunes ?

tous. — Allons donc poncif ! pompadour ! ce serait bien amusant et varié ! À bas la motion ! à bas l’orateur !

roderick. — Si nous faisions de la musique ?

tous, avec une expression de terreur profonde. — Non ! non ! non !

philadelphe. — Le piano n’est pas d’accord, et c’est d’ailleurs un plaisir très-médiocre que de voir un pauvre diable se démener sur un clavier, comme