Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/245

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et digne qu’on la loue, qu’elle recule l’instant fortuné où je toucherai l’argent qui m’est dû pour ce merveilleux volume, destiné à opérer une régénération sociale et à faire progresser l’humanité dans la route de l’avenir.

Et si vous désirez savoir, ami lecteur, pourquoi je veux avoir de l’argent, je vous répondrai primo, comme Gubetta à Lucrèce Borgia,

..... Pour en avoir,

ce qui est très-logique ; secundo, pour acheter des vieux pots du Japon et des magots de la Chine ; tertio, pour manger du flan et des pommes de terre frites le long des quais et des boulevards, ce que personne ne pourra trouver subversif de l’ordre de choses et provoquant au mépris de la monarchie citoyenne.

Maintenant, au bol de punch !

Si vous n’avez pas de gastrite, ce que je souhaite de toute mon âme, ô vénérable lecteur, tendez votre verre que je vous verse de ce délectable breuvage. Et vous, ô charmante lectrice (il n’y a aucun doute que vous ne soyez charmante), avancez le vôtre, que je ne répande rien sur la nappe. Vous direz probablement qu’il est d’une force horrible ; vous ferez, en disant cela, la plus jolie petite moue et la plus adorable grimace que l’on puisse imaginer ; mais vous n’en boirez pas moins le calice jusqu’à la dernière goutte, et vous vous en trouverez on ne peut mieux, vous et vos chastes amies.