Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LAQUELLE DES DEUX
HISTOIRE PERPLEXE

L’hiver dernier, je rencontrais assez souvent dans le monde deux sœurs, deux Anglaises ; quand on voyait l’une, on pouvait être sûr que l’autre n’était pas loin ; aussi les avait-on nommées les belles inséparables.

Il y en avait une brune et une blonde, et, quoique sœurs jumelles, elles n’avaient de commun qu’une seule chose : c’est qu’on ne pouvait les connaître sans les aimer, car c’étaient bien les deux plus charmantes et, en même temps, les deux plus dissemblables créatures qui se soient jamais rencontrées ensemble. Cependant elles paraissaient s’accorder le mieux du monde.

Je ne sais pas si, par un pur instinct de jeunes filles, elles avaient compris les avantages du contraste, ou bien s’il existait entre elles une véritable